Technique dentelle de carton : Marie-Anne Thieffry

Portrait2 ©Julien Cresp

Si vous vous intéressez au monde du carton et aux magnifiques créations que l’on peut créer avec ce matériau, vous avez certainement entendu parler de la technique de la dentelle de carton. C’est une technique qui consiste à découper des fines lamelles de carton et à les entortiller pour les assembler ensuite par collage afin de réaliser un objet, une lampe ou une sculpture.

La finesse des lamelles et la structure du carton permet de jouer avec les ombres et les lumières et de réaliser des objets uniques. Marie-Anne Thieffry maitrise cette technique comme personne et j’ai eu la chance de la rencontrer. Elle nous parle de sa passion pour le carton qui est devenue son métier;

Des années de travail pour un résultat d’une toute beauté. Encore une créatrice de talent !

Je vous laisse découvrir le travail de Marie-Anne.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?


Je m’appelle Marie-Anne Thieffry, je suis sculpteur de carton. J’ai une formation artistique en Arts Graphiques à Penninghen puis en Arts Appliqués à Olivier de Serre. J’ai travaillé 25 années dans une agence de publicité en tant que directrice artistique.
En 2005 j’ai découvert le carton en tant que matière de travail. En 2009 j’ai mis au point la technique de la dentelle de carton en volume. Aujourd’hui j’y associe la technique du carton contrecollé et j’aime beaucoup le mélange de ces 2 techniques pour leur rendu complémentaire.

Qu’est-ce qui vous a amené au carton, qui vous a donné l’envie ?

C’est en découvrant le travail de Franck Gerhy que j’ai découvert la matière carton. J’ai commencé par les meubles en carton, ce qui m’a permis de mieux comprendre les forces et les faiblesses du matériau. Petit à petit j’ai fait évoluer mes techniques de travail.

Qu’est ce qui a été le plus difficile au démarrage ?


Il y a 17 ans, le discours n’était pas le même vis à vis du matériau, j’entendais assez souvent « ce n’est que du carton… et en plus vous le récupérez ». Il a fallu que je crée mon univers et que je me démarque dans ce que je pouvais proposer. J’ai commencé par les luminaires et les sculptures féminines en dentelle de carton qui ont eu et qui ont toujours beaucoup de succès. Aujourd’hui la gamme se complète par les sculptures design.

Mare Tranquilitatis ©Gregory Stein

Quel est le produit de votre gamme qui rencontre le plus de succès, Pourquoi ?


C’est très varié en fonction du public que je rencontre. Il n’y a pas un produit qui se démarque plus qu’un autre. Mes clients sont des collectionneurs, des galeries, des prescripteurs (architectes d’intérieur, décorateurs, scénographes) ou des particuliers.

Quel a été votre plus grand échec ?


Je n’ai pas souvenir d’un échec retentissant et même s’il m’arrive d’échouer sur une pièce, cela m’a toujours permis d’avancer techniquement.

Ou trouvez-vous vos cartons, Vous n’utilisez que du carton de récupération ou vous en achetez ?


Je n’utilise que du carton que je récupère, cela fait parti de ma démarche et je n’ai jamais eu de soucis pour en récupérer. Plus les gens consomment, plus j’ai de matière pour travailler. Ce qui devrait poser question…

Erell ©Gregory Stein

Comment découpez-vous vos cartons cutter, scie, autre  ?


J’ai découpé manuellement pendant 15 ans tous les cartons qui j’utilise. J’ai fini par avoir de sérieux problèmes articulaires. En 2019, la Fondation Rémy Cointreau, qui accompagne les savoir-faire d’excellence, m’a aidé à l’acquisition d’une machine de découpe numérique.
Aujourd’hui, toute la partie dentelle de carton est effectuée à la main au cutter et la partie carton contrecollé est prédécoupée en numérique.
La partie découpe n’apporte pas de valeur ajoutée à mon travail et il est évident que la découpe numérique me fait gagner beaucoup de temps.

Ou trouvez-vous votre inspiration ?


Je trouve mon inspiration dans tout ce qui m’entoure. J’aime les formes simples et naturelles.

Je sais qu’il y a beaucoup de personne qui travaillent le carton dentelle. Avez-vous une astuce pour les découper rapidement ?


Effectivement il y a aujourd’hui beaucoup de personnes qui travaillent la dentelle de carton. Je n’ai pas d’astuce à leur donner et il n’y a aucun avantage à effectuer le travail rapidement. La découpe permet « d’apprendre la matière » et c’est très important pour développer son propre univers.

Est-ce qu’on arrive à vivre de ce métier ?


Je vis de mon travail. Il faut plusieurs années pour construire son réseau et il faut bien sûr avoir la capacité de toujours proposer des nouveautés. J’aime la recherche sur la matière et j’aime la faire évoluer de façon inattendue. C’est ce que mes clients attendent.

Quelles sont les plus belles rencontres que vous avez faites grâce à votre métier ?


Même si j’ai eu la chance de rencontrer des personnes « VIP », toutes les rencontres sont belles et enrichissantes. Je me souviens d’une intervention devant une classe de CP, j’étais très impressionnée… et pourtant ils n’avaient que 6 ans…

Que proposez-vous comme formation ?


Je propose des stages de 4 jours à l’atelier. On y apprend la technique de la dentelle de carton et celle du carton contrecollé. Ce sont des moments de partage que j’apprécie, la transmission fait partie des valeurs que je défends.

Les sages ©Gregory Stein(1)

Vous n’avez pas peur en donnant votre technique qu’il y ait trop d’imitations de vos œuvres ?


C’est une vraie question ! Après la diffusion du reportage « La maison France 5 » en 2015, beaucoup se sont lancé à faire de la dentelle de carton et bien sûr des luminaires et des bustes féminins. Il faut avoir bien peu confiance en soi et en sa propre créativité pour se contenter de faire de la copie, mais c’est inévitable et il y en aura toujours.


Toutes mes créations sont déposées et si cela s’avère nécessaire, je ne manque pas de faire savoir au copiste que je ne suis pas d’accord.
Je ne « donne » pas ma technique, j’explique mon savoir-faire et j’explique aussi au stagiaire qu’il est important de créer son propre univers.
Vous savez les clients ne sont pas dupes et savent faire la différence.

Quel est le conseil que vous pourriez donner à quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans cette activité en tant que professionnel ?


Je lui conseillerai de prendre son temps, de ne pas se lancer tête baissée sous prétexte que le carton est à la mode, et surtout de réfléchir à l’univers qu’il ou qu’elle veut développer pour se démarquer. C’est essentiel.

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mario
 

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